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L’imaginaire de la Beauté

Portée par la Biologie et la Philosophie, la Beauté peut inspirer l’Imaginaire à travers des contes, des nouvelles et des romans

Dans le tablinum du maître

Devant le tableau

     D’un pas encore mal assuré, Théophile entre dans tablinum de son maître.

- Votre nièce est médecin !

- Future médecin, elle doit encore passer son doctorat.

- Je croyais que toutes les écoles de médecine avaient fermé depuis l’édit de Théodose.

- Ton Théodose n’a pas encore réussi à tout détruire. Il reste une discrète école en Haute Égypte.

- Et elle continue d’accueillir des filles ! Je me réjouis que des médecins puissent continuer à être des femmes.

- Sais-tu, Théophile, quelle est la plus célèbre femme médecin d’Égypte ?

- Méryt-Ptah, Maître, la première à avoir écrit un traité de gynécologie.

- Bien plus célèbre, Théophile. Je t’accorde quelle est plus connue pour ses qualités politiques et d’amante que comme disciple d’Imhotep[1].

- Je ne vois pas, Maître.

 

 

- Je n’en suis pas vraiment surpris, une partie de ton cerveau est encore au Paradis. Eh bien, c’est Cléopâtre, Cléopâtre VII, la dernière Reine d’Égypte. Très intelligente, mais étant femme et cadette, il y avait là deux bonnes raisons pour ne pas la destiner à la magistrature suprême. Son père Ptolémée XII l’avait donc poussée vers la médecine. Quelques centaines d’année de contact de ces Grecs[2] avec la grande civilisation égyptienne avait dû, lentement leur faire admettre, ou au moins tolérer, qu’une fille puisse étudier.
 

Cléopâtre fit de la médecine une passion. Quand les circonstances, et sa grande habilité politique, en ont fait d’elle une reine, ce ne sont pas des dames d’honneur dont elle s’entoura pour constituer sa cour, mais une demi-douzaine de médecins, des confrères. Ensemble, ils ne filaient pas la laine comme Pénélope ou Omphale, mais rédigeaient des traités de médecine.

Cette science de la médecine lui fut politiquement très utile. Subitement, César, devant elle, commence à avoir des convulsions de la main puis du bras, son regard devient fixe, ses propos incohérents. Cléopâtre diagnostique immédiatement la maladie sacrée[3] et utilise les bons gestes. Le maître de Rome se retrouve dans l’humble situation de celui qui attend d’être secouru dans la détresse de son enveloppe charnelle.

Parfois, l’Histoire se résume à une situation des plus classiques, le malade qui tombe amoureux de son médecin. Tu ne m’écoutes pas, Théophile. Reviens sur terre.

- Euh, oui Maître.

- Non, tu ne m’écoutais pas, tu regardais ce tableau. Il représente le roi David de la Bible des Juifs.

- Et des Chrétiens, Maître.

- Oui. Mais intégrer la Bible dans les textes canoniques, ce n’est pas ce qu’Athanase a fait de mieux. Ce tableau me rappelle la vanité des livres.

- La vanité des livres ! Oh non, pas vous Maître !

- Si Théophile. Beaucoup de livres sont vaniteux. Et la Bible en est un bon exemple. Regarde ces papyrus et ces parchemins que je viens de recevoir. Ils sont comme le dos de ce tableau, blanc, encore vierge de toute écriture. Quoi de plus beau, quoi de plus noble, quoi de plus sacré ? Touche-les. Tu apprécieras la finesse du grain de ce parchemin. Un support aussi beau ne devrait-il pas contenir que du Beau, que de belles descriptions, que des beaux sentiments.

- Maître, les écrits représentent la vie, la vie telle qu’elle est. La vie n’est pas idéale. Les écrits ne peuvent pas idéaliser la vie.

- Idéaliser, peut-être pas. Mais n’est-ce pas gâcher ce merveilleux moyen d’expression qu’est l’écriture en souillant une feuille vierge par des récits d’actes ignobles ?
Et la Bible en regorge d’actes ignobles. Celui qui a ma préférence, dans le méprisable, commence par David surprenant du regard Bethsabée dans son bain. Il ne se détourne pas comme aurait dû le faire un roi, mais au contraire laisse aller sur elle un regard libidineux.

Mais Théophile, tu redeviens écarlate, pourtant il fait frais ici. Assieds-toi. Respire un peu de ce vinaigre. Veux-tu que j’aille de nouveau chercher Hatchi ? Elle n’est peut-être pas encore partie. Ah bon, je vois que tu vas mieux. Que dis-tu ? Articule Théophile.

- Ce que David avait fait déplut à l'Éternel.

Avec une moue comme simple commentaire, le maître continue.

- Et un regard concupiscent n’était que peu de chose par rapport à la suite ! Dans une autre partie du Livre, ton Dieu, qui est aussi celui de David, commande : Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain. David ne se gêne pas pour désobéir à son Dieu, et il ne se contente pas de convoiter Bethsabée. Poussé par sa pulsion sexuelle, il envoie des « gens » pour la chercher. Il couche avec elle. Résultat, elle est enceinte, or son époux, Urie, est toujours à la guerre. Urie est un officier au service du roi, du roi David.
La situation devient délicate. Le roi fait revenir Urie du front et l’invite, hypocritement, à se rendre dans sa maison. David lui demande de rejoindre Bethsabée.
Sans doute informé de son infortune, l’époux refuse.
L’argumentation qu’il déploie pour ce refus une admirable : « mes amis et seigneurs sont restés à assiéger la ville ennemie, ils habitent sous des tentes, en rase campagne, et moi j'entrerais dans ma maison pour manger et boire et pour coucher avec ma femme ! ».

La manœuvre de David a donc échoué. Urie n’est pas un mari complaisant, il refuse d’endosser cette paternité, fût-ce-t-elle royale.

Comme tu le sais, Théophile, dans les sociétés patriarcales, la paternité, c’est important. Il devient impératif de se débarrasser d’Urie. Et inutile d’avoir des scrupules, pour David cet Urie n’est qu’un Hittite, un étranger.
Urie est renvoyé au front avec un message de son roi pour son chef de guerre. Sais-tu Théophile, ce que David avait écrit dans ce message ?

- Je crois que oui, Maître.

- David, comble du cynisme, donne à son général l’ordre suivant : « Placez Urie au plus fort du combat, et retirez-vous de lui, afin qu'il soit frappé et qu'il meure. »

Les ordres royaux et assassins sont exécutés. La place est libre. Bethsabée est à lui.

- Ce que David avait fait déplut à l'Éternel.

- Si cela déplut tant, pourquoi avoir gaspillé du papyrus à le transcrire ?

- Peut-être Maître, pour indiquer ce qu’il ne faut pas faire.

- Théophile, je le savais avant de l’avoir lu ! Tu comprends pourquoi je laisse le tableau sur l’autel, mais perpendiculairement, pour me rappeler la vanité des livres. Tu as l’air surpris Théophile, à quoi pensais-tu ?

Tu ne réponds pas. Tu as raison, le manuscrit que nous a confié la grande Hypatie nous attend.
Mais voilà Hatchi qui nous fait l’honneur de sa visite.

- Vénéré oncle, je voulais vous saluer avant de partir, je commence mon stage aujourd’hui.

- Hatchi, ne salues-tu pas Théophile ?

- Bonjour Théophile. Bonjour de nouveau meilleur disciple de mon oncle. Vous allez mieux. Le vent a tourné, nous retrouvons l’agréable fraîcheur du vent du nord. Vous étiez en train de regarder ce tableau. Mon oncle en a fait une vanité[4].

- Oui. Je sais Hatchi, tu as ta propre interprétation de ce tableau.

- J’essaie simplement de me mettre du côté de Bethsabée. Urie est absent depuis longtemps. Bethsabée est jeune. David est beau garçon, et il est le roi. Elle a repéré que la nuit il va rechercher la fraîcheur sur la terrasse de son palais. Il lui est facile de trouver un endroit qui soit assez loin mais parfaitement visible depuis cette terrasse. À sa servante qui s’étonne qu’elle veuille prendre un bain au plein milieu de la nuit, dehors, en cet endroit peu abrité, elle lui répond : « Ainsi, je pourrais regarder les étoiles créées par Dieu au commencement ». Merveilleuse réponse de femme ! Aussitôt que David marche sur sa terrasse — les femmes ont un sixième sens pour savoir qu’elles sont regardées — les mouvements de la baigneuse se font plus lascifs. Les hommes sont des proies tellement faciles !

- Pourquoi ouvres-tu ainsi la bouche, Théophile ? Tu risques de gober une mouche. Veux-tu un peu de vinaigre ? Sa bouche est refermée, Hatchi, tu peux continuer à nous exposer ton point de vue.

- Et les hommes sont des proies encore plus faciles pour une femme mariée comme Bethsabée. Qu’il soit roi ou non, le monsieur sait qu’il n’aura que du bonheur, peu d’engagement, peu de responsabilité, peu de mauvaise humeur. De son côté, la dame peut jouer de la fantaisie avec son amant, et même lui demander de venir avec un ami, ou plusieurs. Un amant n’est-il pas l’homme dont une femme soit le plus en droit d’attendre des services ?

- Même un crime !

- Que dites-vous Théophile ? Ne vous étouffez pas ! Mon oncle, ne faudrait-il pas faire respirer un peu de vinaigre au meilleur de vos disciples ?

- Théophile m’inquiète, aujourd’hui il s’évanouit à tout bout de champ. Je vais bientôt avoir épuisé tout mon vinaigre. Fais-le s’asseoir sur ma curule.

- Le siège où, mon oncle, vous recevez, en majesté, vos visiteurs et vos élèves !

- Oui, Hatchi, quand je ne suis pas assis dessus, ce n’est qu’un siège pliant à l’assise de cuir et aux pieds incurvés de bois orné de bronze. Voilà notre malade assis.

- Théophile, vous m’entendez ?

- Euh, oui euh … Madame, euh, ...

- Appelez- moi Hatchi. Théophile peut m’appeler Hatchi, n’est-ce pas mon oncle ?

- Bien entendu Hatchi. Continue de nous faire part de ton interprétation de ce tableau.

- Je disais qu’un amant est l’homme dont une femme peut le plus attendre de services. Il me semble même, qu’une aide matérielle, d’une certaine façon, régularise leurs relations.

- Tu sais comme moi, ma nièce, et l’Égyptien qu’est encore Théophile, même s’il est devenu Chrétien, le sais également : l’adultère n’existe pas en Égypte[5]. Mais je te rappelle ma nièce, que chez les Juifs, une femme adultère risque la lapidation. En recevant une aide matérielle de son amant, la femme ne fait que changer la nature de son péché.

- Le jour où la lapidation sera supprimée commencera le Paradis des Juives.

- Pourquoi parlez-vous des Juifs, Maître ? Je suis Chrétien. Et Jésus a dit à la femme adultère : « Je ne te condamne pas non plus » [6]. Les Chrétiens, Maître, interdisent la lapidation. », Lança, dans un souffle, Théophile.

- C’est donc un Chrétien que j’épouserai !

En prononçant ces mots, Hatchi regarde Théophile droit dans les yeux. Le jeune savant amoureux reçoit la promesse en plein cœur et sourit béatement. Il pense à la jeune femme qui a émergé de la pénombre et maintenant est là à lui parler d’épousailles. La seule réponse qui lui vient est de réciter un verset de l’évangile selon Saint Jean : « Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.»[7]

Hatchi et son oncle s’interrogent du regard. Sans réponse attendue, le maître lève les yeux et d’un geste de la main fait signe à sa nièce de continuer.

- Pour en revenir à Bethsabée, elle sait que David la regarde. L’eau de son éponge coule doucement le long de son corps. Plusieurs fois. David la désire. Toujours ruisselante d’eau, elle se tourne, impudique. Le désir de David devient passion, folle passion. C’est ce qu’elle cherchait. »

Du coin de l’œil, la délurée nièce vérifie l’effet de ses paroles sur le jeune savant. Elle est un brin déçue, si Théophile est très attentif, ses yeux ne sont déjà que ceux du savant qui essaie de déchiffrer le sens d’un manuscrit ancien.

« Je vous accorde que d’aller faire chercher Bethsabée par ses « gens » n’est pas très élégant. Une femme n’est pas une bête de somme. Mais aller lui-même chercher une femme mariée aurait manqué de discrétion. Par essence, l’adultère se doit d’être discret.
Ils couchent ensemble. Bethsabée est satisfaite. David a assouvi sa passion.
Cette liaison n’aurait pu être pour Bethsabée qu’une aventure agréable et hygiénique, mais la situation prend une toute autre tournure quand elle comprend qu’elle est enceinte ; et de plusieurs mois.
La passion a égaré aussi les deux amants, elle leur a fait oublier cette règle élémentaire : la femme adultère doit régulièrement partager sa couche avec son époux.
L’absence prolongée d’Urie qui était confortable au début est devenue un problème.
David agit, un peu tard, mais il agit. Il est le roi, il fait ce qu’il a négligé de faire auparavant. Urie est à la guerre, il le rappelle d’urgence. À quelques semaines près l’époux pourrait encore accepter une paternité adultérine.
Urie est revenu, il est là, mais peu complaisant, il refuse de descendre dans sa maison. Il refuse d’honorer Bethsabée. Selon le schéma mental de David, Urie doit disparaître.
La stratégie choisie atteint des sommets de l’hypocrisie.

- De l’ignoble, ma nièce !

- Ce qui est ignoble, mon oncle, c’est que Bethsabée n’ait pas pu donner son avis. Dans leur système patriarcal, David et Urie considèrent chacun que Bethsabée est leur propriété.

Urie aurait pu descendre dans sa maison et parler franchement avec son épouse. Quel choix aurait fait Bethsabée si elle avait été libre ? Quel aurait été son choix si elle avait été libre de disposer de son corps et de son esprit ? Aurait-elle choisi Urie ? — en disant ces mots Hatchi prend un masque sans expression — Aurait-elle choisi David ?— le masque devient sourire et assorti d’un discret clin d’œil vers Théophile — Ou les deux ? — regard effronté — Ou aucun ? — regard navré.

 

[1] Premier médecin, quasi mythique, d’Égypte.

[2] Le règne de Ptolémée 1er commence en 305 avant notre ère, Cléopâtre VII nait vers -69, soit plus de deux siècles après le début de la dynastie lagide. 

[3] Épilepsie.

[4] Représentation picturale évoquant la précarité de la vie et l'inanité des occupations humaines. http://www.cnrtl.fr/

[5] Jusqu’à ce jour aucun écrit ancien égyptien n’indique le mot adultère.

[6] Évangile selon Jean : 7.53 - 8.11.

[7] Jean 8:12

Crime ? Théophile défait l’écheveau.

- Hatchi nous a narré son interprétation, toute féminine.

- La seule interprétation qui compte dans un adultère, puisqu’adultère il y a chez les Juifs ! Mais il me semble que Théophile a prononcé tout à l’heure, le mot « crime ». N’est-ce pas mon oncle ?

- Oui, Hatchi. Je m’en souviens. J’ai entendu « crime » juste après que tu nous aies dit qu’une femme adultère pouvait demander beaucoup de choses à son amant, et juste avant que … »

Le maître termine ne termine pas sa phrase, mais des yeux il suit sa propre main qui effectue toutes sortes de moulinets, indiquant que Théophile avait tourné de l’œil. 

« … Explique-nous Théophile. Voudrais-tu insinuer que la femme adultère peut même demander à son amant de commettre un crime ? »

Théophile, encore assis sur la curule de son maître, regarde en tendant le cou alternativement vers Hatchi et son maître. Comprenant enfin que c’est bien à lui que la question est posée, il commence par se redresser, gonfler la poitrine. L’eau qui a coulé jusqu’à cette toison, ces deux lignes écarlates qui se sont ouvertes ont changé sa structure mentale ; il s’étire un peu, et enfin se lève.

La mutation s’est opérée, d’amoureux béat, Théophile est devenu le savant qui sait résoudre un problème difficile.

     Les plis de sa tunique replacés — ce qui fait réapparaître la tache — ses manches réajustées, Théophile a la stature de son rôle. Sa voix change. Il devient un tribun, un procureur. C’est au tour d’Hatchi d’avoir un regard énamouré.

Déjà le « Pourquoi Bethsabée ? » avec ses amis Juifs avait rebondi en d’autres « Pourquoi ? » en nombre encore plus élevé qu’habituellement. Des commentaires de son maître, Théophile avait gardé le sentiment que tout ne s’imbriquait pas parfaitement, et qu’il manquait quelque chose, une pièce d’essentiel. C’est la remarque d’Hatchi qui lui avait permis de démêler l’écheveau.

- Quel est le plus grand criminel ? L’acteur ou l’instigateur ? Ou … l’instigatrice ? L’amant qui tue ou … celle qui manœuvre l’amant, pour se débarrasser de l’époux ?
Selon le regrettable usage des Hittites, c’est par sa famille Bethsabée a été mariée à Urie. Les illusions de la jeune épousée se sont vite évanouies, le fringant officier dont elle espérait tomber amoureuse, s’est rapidement révélé être un soldat fruste et brutal.
Comment se débarrasser de cet époux qu’elle n’aime plus ?
Officier ambitieux, Urie est devenu très proche du roi.
Urie est parti assiéger Rabbah[1]. David, son roi, l’a ordonné et cette ville doit devenir un monceau de ruines.
Urie est à la guerre, mais David est resté à Jérusalem.
Une stratégie commence à germer dans l’esprit de Bethsabée. Les grands criminels brillent toujours par leur intelligence.

Première étape : séduire. S’exposer nue dans le jardin qui est sous la terrasse de David. Le prétexte ? Prendre un bain en regardant les étoiles créées par Dieu. Hatchi nous a exposé avec brio toute la procédure mise en place par Bethsabée. »

        Le regard de Théophile se pose sur Hatchi, il est admiratif. Tout à son réquisitoire, son regard est seulement admiratif tandis que celui de la jeune femme est devenu adoratif. Regard féminin qui stimule l’orateur vers un élargissement de ses effets de manches.

« Prendre un bain en pleine nuit, dans le jardin ! Invraisemblable ? Oui ! Mais justement de nature à attirer l’attention du roi. Pour rendre la situation irréversible, et c’est la deuxième étape de la stratégie, Bethsabée attend d’être enceinte de plusieurs mois avant de révéler son état à David. Vite, mais trop tard, le roi rappelle Urie. Par quelques bavardages de Bethsabée soigneusement distillés, Urie a été prévenu de son infortune.
La maline connaît bien son époux, elle sait que, rigide dans son honneur, il n’acceptera pas de « descendre dans sa maison » et de coucher avec elle. Dès lors le sort d’Urie est scellé. Le plan de Bethsabée se déroule comme prévu.
David veut renvoyer Urie à la guerre. Mais les fortunes de la guerre sont trop aléatoires. Ce n’est pas suffisant. Dernière étape, une femme adultère peut demander beaucoup de choses à son amant – regard de complicité vers Hatchi dont Théophile cite les paroles - Bethsabée suggère au roi qu’Urie soit porteur d’un message ordonnant sa propre mort.
La criminelle, c’est elle, c’est Bethsabée. C’est elle qui dès le début a choisi David comme moyen de se débarrasser de son époux ! »

     Long silence.

    Deux derniers gestes, lents, deux derniers effets de manche qui font ressembler Théophile à un grand oiseau qui se pose après un long vol migratoire.

Hatchi referme sa bouche bée. Regard circulaire de l’orateur qui dépasse largement son modeste auditoire, modeste mais enthousiaste.

      Est-ce la fin du réquisitoire ? Non, dernier sursaut, les ailes larges et puissantes se rouvrent, le regard de l’orateur de sévère devient accusateur. 

« Mais, pour être tout à fait juste, … Bethsabée est-elle la seule responsable ? N’a-t-elle pas, jeune fille à peine nubile, été livrée par sa famille à un fruste époux ? Cette famille et tout le village n’espéraient-ils pas quelques prébendes de ces épousailles ?

La famille n’est-elle pas davantage responsable que cette malheureuse femme adultère ? N’est-ce pas l’usage des Hittites qui est criminel. N’est-ce pas de marier une fille sans son consentement qui est criminel !  N’est-ce pas le système patriarcal qui est criminel !» 

      Les ailes se plaquent définitivement le long du corps. Encore étourdi, l’oiseau orateur est arrivé au terme de son voyage. 

- Bravo Théophile, je suis fier de moi. La qualité d’un maître se juge au moment où son disciple le dépasse. Et là, Théophile ton double réquisitoire est un pur chef-d’œuvre. Tu m’as dépassé, bientôt tu me supplanteras. Cela ne sera que justice, mais ce temps est encore lointain.

La coutume des Hittites est parfaitement criminelle, je te l’accorde, mais quand même, Bethsabée … ?

- Pourquoi pas, Maître ? Pensez-vous qu’une femme ne soit pas capable d’imaginer une telle stratégie ?

- Oui, certainement. Qu’en penses-tu Hatchi ? Regarde-moi ! Voilà maintenant que c’est toi qui as l’air aussi niais que Théophile l’était tout à l’heure ! J’ai compris. J’ai compris. Nous continuerons cette discussion plus tard. D’ailleurs, Hatchi, n’est-ce pas aujourd’hui que tu commences ton stage de médecine ? Ne te mets pas en retard !

- Vous avez raison, mon vénéré oncle.

      Juste au moment où elle quitte la pièce, Hatchi se tourne, Théophile reçoit la flèche d’un regard enjôleur.

 

[1] Capitale des fils d’Ammon. Sa localisation exacte est inconnue. Rabbah devait être à l’est du Jourdain. Serait-ce Amman, la capitale de l’actuelle Jordanie ?

Le tableau, suite  

- Tu m’inquiètes Théophile, te voilà de nouveau complètement engourdi. Veux-tu que nous remettions ce travail à demain ? Tu regardes encore ce tableau. J’aurais pu aussi te parler des filles de Lot qui enivrent leur père pour le violer et être enceintes de lui.

Ou encore de Jézabel accusée de sortilèges. Son crime ? Majeur : avoir beaucoup trop d’influence sur son époux. Verdict : condamnée à être jetée en bas de la muraille et que son corps serve de fumier des champs. Mais tu conviendras Théophile, qu’il aurait été malvenues de représenter ces scènes en peinture.

- La violence ne convient pas à un autel, Maître.

- Comment pourrais-je le contester, Théophile ? Le Lare et les deux Pénates en auraient été choqués. J’avais aussi pensé à la destruction de Sodome et Gomorrhe par le soufre et le feu.

- Quel est d’après vous, Maître, le « péché énorme » commis par les gens de ces cités ? Le Livre ne le décrit pas.

- Par Seth ! Il est difficile d’imaginer un péché encore plus énorme que tout ce qui est déjà écrit dans la Bible. »

      Curieusement, l’indignation du maître se dégonfle pour se terminer par une mimique interrogative qui n’échappe pas à son disciple.

- Mais auriez-vous, Maître, de nouvelles informations sur ce mystérieux péché ? Votre air pensif me le laisserait supposer.

- Je pense, Théophile, à ce papyrus exceptionnel que m’a confié Hypatie, la très illustre directrice de la très illustre bibliothèque d’Alexandrie, il m’a bien semblé lire dans l’introduction le nom de ces cités, il est donc possible qu’il contienne des informations sur cet « énorme péché ». Je vois que l’éventualité de cette découverte ravive ton visage.

      En se tournant pour prendre congé, le regard de Théophile est de nouveau attiré par le tableau.

« Mais que cherches-tu ? Oui, Bethsabée, bien sûr ! Elle n’y est pas, Théophile. Je n’ai pas voulu me faire le complice de cette abomination, ou comme tu en as parfaitement fait l’hypothèse, de ce crime.

 

 

Demande en épousailles

- Bonjour Théophile. Tu es en retard. Mettons-nous au travail. Hier, avec ton coup de chaleur, nous n’avons pas beaucoup avancé.

- Bonjour maître. Veuillez m’excuser pour hier.

- Que tiens-tu aussi religieusement ? Sont-ce des cadeaux destinés à te faire pardonner ton coup de chaleur ?

- Euh, non maître. Ce sont des cadeaux pour Hatch …, pour … votre très honorable, … estimable nièce.

- Pour la remercier de t’avoir porté secours ? Il ne fallait pas, Théophile. Surtout que pour une future médecin, elle n’a pas fait preuve d’une grande efficacité, mais je crois avoir compris pourquoi !

- Maître, un très ancien papyrus commence par « Je t'ai pris pour femme lorsque j'étais un jeune homme. ». Un peu plus loin, la prière d’amour fait référence à « Mes parfums, les gâteaux avec les vêtements ». C’est ce texte qui m’a guidé dans le choix de cadeaux à offrir à une jeune fille.

- Et quels sont donc ces cadeaux, Théophile ?

- Un peu d’encens comme parfum, et des gâteaux. J’ai enveloppé le tout dans cette jolie petite pièce de tissu brodé.

- L’idée est bonne, et originale. Mais es-tu certain de ta traduction, Théophile ?

- Oui, Maître. J’ai juste un petit doute pour « avec », j’hésite avec « sous ».

- « sous » conviendrait certainement mieux dans le contexte, l’encens est un parfum à fumigation. Je pense que ta traduction est un peu trop littérale.

- Je ne comprends pas, Maître.

- Ça ne fait rien Théophile. Tes présents sont une charmante attention. Ne crois-tu pas que tu va un peu vite en offrant de l’encens ?

- Que voulez-vous dire, Maître ?

- Est-ce toi qui as choisi ce parfum ?

- C’est moi qui en ais eu l’idée, le parfumeur l’a confirmé.

- … ?

- Quand je lui ai récité le texte du papyrus, il m’a confirmé que l’encens était le mieux adapté à ma demande ; lui aussi a changer le « avec » en « sous ». C’est de l’encens est de Gaza, le meilleur d’après ce qu’il m’a dit.

- Il a cette réputation, effectivement. Ce parfumeur t a-t-il expliqué pourquoi l’encens allait bien « sous les vêtements » ?

- Non, il a juste souri.

- Sais-tu, que pour les Égyptiens, encens est aussi une métaphore ?

- … ?

- Une métaphore, ou un rapprochement avec l’utilisation que les dames font de l’encens. L’utilisation en fumigation, en fumigation sous les vêtements[1]. Tu ne vois pas Théophile ?

- … ?

- Tu as encore beaucoup à apprendre. Et les gâteaux ?

- C’est ma logeuse, une solide Égyptienne qui les a préparés. Ce sont les meilleurs gâteaux d’Alexandrie.

- Certainement !

- Savez-vous, Maître, ce qu’elle m’a répondu quand elle a su que je les destinais à une jeune fille pour laquelle mon cœur battait.

- … ?

- « C’est une excellente idée Théophile, les jeunes filles aiment les douceurs ». Sa voix était toute attendrie.

- Ta logeuse est une aimable personne.

- Très aimable. Je me souviens exactement de ses paroles quand, ce matin, elle m’a donné ce paquet : « Voici, des gâteaux qui plairont à l’élue de ton cœur.

Ce sont les meilleurs baklavas d’Alexandrie, je les prépare comme m’a appris ma grand-mère, celle qui vient de « la terre du lait et du miel[2].

 

 

 

J’ai ajouté des atayefs, ces crêpes roulées que les Égyptiens mangent d’habitude pour les fêtes de printemps. Selon la coutume, je les ai farcies avec des dattes hachées, du miel et fromage frais, celui que j’ai utilisé est très crémeux et j’en ai mis beaucoup. ». Puis elle a retrouvé sa gouaille pour ajouter : « J’en ai fait des rouleaux un plus gros que d’habitude, ta chérie ne devra pas les tenir trop longtemps dans la main, sinon un peu de crème risque de s’échapper ! »

- Vraiment ! Elle a dit ça ! Ta logeuse ne serait-elle pas un peu polissonne ?

- Je ne sais pas, Maître. Elle m’a dit que pour mieux adapter les baklavas à ma demande, quelques uns avaient la forme de petits nids, qu’elle avait bien parfumés aux fleurs blanches. Ils dissimulent un délicieux mélange de figues sèches, de miel et d’épices, qu’elle m’a énumérées, mais dont j’ai oublié le détail ... Et … 

- Et… ?

- Et je me demande ce qu’elle a voulu dire à propos du nid ?  

- Du nid ?

- Elle m’a dit être toute disposée à me montrer le sien.

- Te montrer son nid !

- Oui. Je lui ai répondu poliment qu’actuellement j’étudiais des manuscrits de XVIIIe dynastie mais pas l’ornithologie. J’ai ajouté que si mon intérêt se portait un jour sur les oiseaux, ce serait avec plaisir que j’observerais son nid. Et, je ne sais pas pourquoi, ça l’a fait glousser. » .

      Le vieil homme réprime violemment le rire qui crispe ses yeux et les muscles de son visage, il se contente d’acquiescer en essayant de ne rien faire paraître.

- Par Osiris ! Tu as vraiment beaucoup à apprendre Théophile, je veux dire en dehors des manuscrits de la XVIIIe dynastie. Voyons. Si j’ai bonne mémoire, la prière d’amour commence par : « Je t'ai prise pour femme lorsque j'étais un jeune homme…». Dis-moi, Théophile, ces douceurs et ce parfum seraient-ils destinés à accompagner une demande particulière ?  Allez parle, Théophile.

       Une nouvelle fois, le disciple rougit, mais, résolu, il lance d’un trait : 

- Maître, j’ai l’honneur de vous demander la main d’Hatchepsout, votre infiniment estimable nièce.

- As-tu bien réfléchi à ta demande, Théophile ?

- Oui, Maître, je me consume d’amour pour votre nièce.

- Je te crois Théophile. Mais vous vous connaissez à peine. Surtout, as-tu réfléchi à l’opinion d’Hatchi ? »

       Le regard vague et la main dirigée vers les deux xoana, ceux de feue son épouse, le maître ajoute :

« Sais-tu que c’est elle, celle qui allait devenir mon épouse, qui avait pris l’initiative. Nous nous connaissions depuis longtemps. C’est vrai que nous étions bien ensemble, très bien même. Un jour, elle m’a demandé, tendrement, que nous allions chez le scribe. » [3]

       Quand enfin, une larme encore au coin de l’œil, le maître sort de ses souvenirs, le disciple se permet de l’interroger :

- Hatchi vous a-t-elle fait des confidences, Maître ? N’aurait-elle aucun sentiment pour moi ?

- Hatchi m’écoute avec beaucoup d’attention quand je parle de toi, mais elle ne m’a fait aucune confidence sur ses sentiments. Je te rappelle seulement qu’elle est Égyptienne, et que même si tu as adopté la religion des Évangiles, tu restes un Égyptien.

- Maître, je n’ai jamais renié ni mes origines ni ma culture égyptienne. Le dieu de Jésus est amour et tolérance.

- Hum ! Pour les Égyptiens, Théophile, primo : c’est la fille qui propose au garçon de l’épouser. Deuxio : les épousailles sont un engagement privé qui n’est ni religieux, ni administratif. Elles expriment la volonté commune de vivre ensemble, de s’apporter une mutuelle assistance, notamment pour élever leurs enfants.

- Ce sont là, mes vœux les plus chers, Maître.

- Tu sembles très amoureux Théophile. Les épousailles doivent transcender une passion. Vous irez chez un scribe signer votre contrat d’épousailles. Tu diras devant lui « Je t'ai faite mon épouse » et Hatchi répondra « Tu m'as faite ton épouse ». À partir de ce moment, tu appelleras Hatchi ta sœur, et Hatchi t’appellera mon frère[4].

- Maître, je suis ému rien qu’à cette pensée.

- Plus que des prières dans ton église, tu te souviendras des conseils du scribe Ani « Si tu es sage, aime ta femme sans mélange, sans une autre femme, nourris-la convenablement, habille-la bien. Si tu la repousses, ton ménage ira à vau-l'eau. Caresse-la et remplis ses désirs. Ouvre-lui tes bras, appelle-la. Témoigne-lui ton amour. »
Ne rougis pas constamment Théophile, c’est agaçant. Tu n’es plus un enfant. Tu veux épouser Hatchi, soit. Mais ma nièce épousera un homme qui saura être à son écoute. N’oublie pas que si elle est repoussée, insatisfaite, ton épouse deviendra dépressive, ou hystérique, ou acariâtre, ou les trois à la fois.

- Vous m’inquiétez, Maître. Mais Socrate ne prétend-il qu’il a épousé Xanthippe pour son caractère acariâtre, et qu’ainsi il pouvait s'exercer à la patience ?

- Sottises ! Par Osiris ! Connaissant les penchants sexuels de Socrate pour les garçons, il est fort probable qu’il ne remplissait pas vraiment les désirs de Xanthippe. J’espère, Théophile, que tu trouveras d’autres moyens pour exercer ta patience.

- Maître !

- Et voilà, tu rougis encore. De la patience, il vous en faudra pour élever vos enfants. Préparer ensemble ses enfants à occuper leur place dans l’harmonie immuable de l’Univers est un devoir sacré pour les Égyptiens. 

- Maître, je, ... nous ferons de la vie de nos enfants un bonheur continuel.

- Que le Maât vous aide, et c’est avec plaisir que je verrai des petits neveux et nièces courir dans cette domus. »

 

[1] Par analogie avec cette utilisation, les anciens Égyptiens appelaient « encens », le sexe des femmes.

[2] Liban actuel.

[3] Cet usage pourrait avoir persisté dans certaines familles royales européennes : Déjà reine, c’est Victoria qui dû demander la main d’Albert de Saxe Cobourg.

[4] Ces tendres dénominations ont longtemps fait croire que les Égyptiens se mariaient entre frères et sœurs. En réalité, cette coutume qui existaient chez des familles régnantes, dont les Ptolémée, n’étaient qu’exceptionnelle chez les autres Égyptiens.  

Strabon

« Connais-tu Strabon ?

- Le grand géographe romain ?

- Strabon était Pontin[1], mais, je te l’accorde, il était de culture romaine et un grand admirateur des Grecs. L’Égypte a été pour lui une source de nombreux étonnements. À la fin de son livre XVII, il rapporte deux usages très spéciaux qui n’appartiennent qu’aux Égyptiens. Le premier qu’il décrit est la préparation de la bière. Quel est d’après toi, Théophile, le second ?

- Maître, j’ai lu la Géographie de Strabon, mais j’avoue mon défaut de mémoire. N’est-ce pas dans ce paragraphe qu’il réaffirme que les Juifs sont originaires d'Égypte[2].

- Oui, et il n’a d’ailleurs qu’à moitié tort, mais ce n’est pas de cela dont je veux te parler aujourd’hui. Si je te dis que c’est un usage « spécial », « l’un de ceux auxquels les Égyptiens tiennent le plus ».

- Je ne vois vraiment pas, Maître.

- Si j’ajoute qu’au paragraphe suivant, le célèbre géographe observe que des poissons de mer remontent le Nil, puis enfin il conclut magnifiquement son chapitre par un « Voilà ce que nous avions encore à dire au sujet de l'Égypte. »

- Se serait quelque chose, Maître, auquel les Égyptiens tiennent beaucoup et qui se situe entre la bière et les poissons du Nil ! Ce doit être quelque chose de mystérieux concernant la préparation des aliments. Strabon ne rapporte-t-il pas que nous pétrissons le pain avec les pieds et la boue avec les mains.

- Par Osiris ! Si nous pétrissons le pain avec les pieds, c’est pour un meilleur ensemencement en principes de fermentation, mais ce n’est pas cela. … Et nos boulangers se nettoient soigneusement les pieds à l’eau avant … mais tu m’égares, Théophile. Tu ne vois vraiment pas quel « autre usage spécial aux Égyptiens, et l'un de ceux auxquels ils tiennent le plus » ?

- Une recette de cuisine ?

- Tu n’y es pas du tout Théophile. Écoute-moi bien, cet usage « consiste à élever scrupuleusement tous les enfants qui leur naissent ».

- Comment ai-je pu l’oublier, Maître !

- Oui, par les cornes d’Hathor, monsieur l’ami des Grecs, nous élevons tous les enfants qui nous naissent, nous n’en jetons aucun à la voirie, même pas les filles. Oui, monsieur Strabon, nous élevons nos enfants scrupuleusement, même les filles.
Je comprends Monsieur le Romain thuriféraire des Grecs que cet usage vous paraisse « spécial », mais vous avez raison Monsieur Strabon, c’est à quoi, nous les Égyptiens, tenons-la plus. Encore plus qu’à la fabrication de la bière, que nous buvons tiède, et à la pêche aux poissons de mer dans le Nil !

- Calmez-vous Maître. Ce n’est pas parce que je parle grec et latin, comme vous d’ailleurs, et quelques autres langues, que je suis hellénisé, ou latinisé. Je reste un Égyptien. Un Égyptien chrétien, mais un Égyptien. Même chrétien, je garde ma culture égyptienne.

- Une langue véhicule une culture, et qui admire une langue, admire une culture.

- Croyez-vous, Maître, que si un jour il me venait de parler la langue des hippopotames, j’admirerais mes co-locuteurs ? Pensez-vous, Maître, que je passerais mes journées dans la fange à défendre mon marigot ?

- Par Touëris[3] ! La grande déesse de la maternité. J’espère que sous ses auspices, j’aurai bientôt un premier petit-neveu !

- Dieu vous entende, Maître.

 

[1] Du Pont-Euxin, nord de l’actuelle Anatolie (Turquie).

[2] Thèse reprise par Messod et Roger Sabbah dans Les secrets de l'Exode.

[3] Déesse hippopotame, « La grande » en hiéroglyphe.

Sages-femmes

- Puisque tu es Chrétien, Théophile, tu dois connaître ce passage de l’Exode où Pharaon donne des ordres à deux sages-femmes.

- Oui, Maître, ce passage est très intéressant, Pharaon ordonne aux sages-femmes de faire mourir les garçons des Hébreux[1]. Elles doivent agir discrètement pendant que les parturientes sont encore accroupies sur les briques sacrées.

- Alors que font les sages-femmes ?

- Elles ne tuent pas ces bébés. Et elles mentent, Maître. Elles mentent à Pharaon. Elles prétendent que les femmes des Hébreux accouchent facilement. Elles prétendent que quand elles arrivent pour aider ces femmes, le bébé est déjà dans les bras de sa mère, et qu’elles ne peuvent donc plus agir. Ce passage permet une intéressante étude sur le mensonge. Faut-il mentir pour sauver des vies humaines ?

- Nous étudierons le mensonge une autre fois, Théophile. Comment s’appellent ces sages-femmes ?

- Schiphra et Pua, Maître.

- Très bien Théophile, ta mémoire est excellente. Voyons quel sont tes capacités de déduction. Sont-ce là des noms Hébreux ou Égyptiens ?

- Égyptiens, Maître ! Les sages-femmes mises à la disposition des Hébreux par Pharaon sont des Égyptiennes.

- Félicitations. Et qu’en déduis-tu, Théophile ?

- … ?

- Par Osiris, ces sages-femmes sont égyptiennes ! Et pour une Égyptienne, Théophile, tous les enfants qui naissent sont sacrés, qu’ils soient des garçons ou des filles, qu’ils soient Hébreux ou Égyptiens. Pour les Égyptiens, un enfant est plus sacré que l’obéissance à Pharaon. Voilà, Théophile, ce que j’aurais aussi voulu dire à ce Monsieur Strabon, ce géographe romain. 

 

[1] Genèse 1.16 et suivants

La domus

- Très intéressante exégèse[1] de la Bible, Maître. Mais vous-même, n’habitez-vous pas une domus, une villa romaine que vous avez achetée à un Romain.

- La façon de faire des Romains est celle de la salade variée, ils prennent tout ce qui leur est bon et utile chez les peuples qu’ils côtoient, ou occupent ; ils mélangent et l’adoptent. Ils ont pris chez leurs voisins Étrusques la domus, qui eux-mêmes l’avaient ramenée de Lydie[2]. Mais surtout, pour créer une civilisation, ils ont su utiliser le système familial équilibré étrusque.
La civilisation ne leur suffisant pas, ils ont voulu créer un empire. Un empire nécessitant une hiérarchie, les Romains ont pris aux Grecs le patriarcat, et tous les dieux qui vont avec. On peut reprocher beaucoup de choses aux Romains, mais pas leur pragmatisme.

- Alors, Maître ?

- Par Jupiter ! Pourquoi ne ferais-je pas comme eux ? Ils occupent l’Égypte, j’adopte leur domus. D’ailleurs, une version de maison à cour intérieure existe depuis toujours chez les Égyptiens, pour y rentrer, nous utilisions un escalier ou simplement une échelle.

- Et une autre échelle ou un autre escalier pour redescendre dans la cour. Nous y sommes protégés des animaux et des voleurs. Je connais très bien ces maisons Maître, j’y ai vécu jusqu’à ce que je suive La scribe.

- Ton ascension sociale Théophile, est en ton honneur et en honneur de cette scribe.

- Que Dieu bénisse sa mémoire !

- Je ne veux en rien minimiser l’action de ta scribe, Théophile, mais elle n’a fait que se conformer à notre profonde culture égyptienne. C’est par la promotion des talents, de tous les talents, y compris ceux des plus modestes chevriers que notre civilisation a pu durer plusieurs millénaires.

- Qu’ont ajouté les Romains à la maison égyptienne pour en faire la domus ? Un pompeux vestibule.

- Tu le trouves pompeux mon vestibule, Théophile ?

- Un peu quand même, Maître, ces colonnes, ce marbre ! Mais il est vrai qu’un vestibule a le mérite d’éviter les escaliers qui, pour un vieillard, peuvent être d’un pénible usage.

- Je ne vois pas à quel vieillard tu fais allusion Théophile !

 

 

- Ne serait-ce pas, Maître, ce tablinum spacieux, qui donne à la fois sur la cour et le jardin, qui vous a séduit.

- Tu me connais bien Théophile. Ne trouves-tu pas que le Lare de la maison est de très bonne facture ? Un beau Lare n’est-il pas l’indice du bon goût de celui qui a fait construire la maison ? Quand j’ai visité cette domus, astucieusement le vendeur m’a mis, presque naturellement, ce Lare dans les mains. Les formes harmonieuses et le velouté du bronze m’ont-ils plus séduit que le bâtiment ? Peut-être.
Ce Romain avait fait construire cette maison pour y vivre avec toute sa famille, lui-même, sa matrone, les filles non encore mariées et, selon le système patriarcal, fils, brus et leurs enfants. Elle est trop grande pour une famille égyptienne. J’espère qu’elle te plaît car elle reviendra à Hatchi.

- Je vous en remercie, Maître.

- Je vois à tes yeux que tu t’installes déjà dans ce tablinum. Patiente quand même un peu Théophile.

- Plus tard, Hatchi pourrait y installer son cabinet médical. Votre nièce n’aurait jamais pu faire de telles études en Grèce. Les Grecs ne donnent que le minimum d’éducation à leur fille, c’est tout juste s’ils leur apprennent à parler.

- J’avoue que sur ce point, je serais souvent du côté des Grecs.

- Mais Maître, les filles doivent être aussi instruites que les garçons.

- C’était de l’humour, Théophile !

- À oui, Maître, très drôle. Les filles … trop parler …

- Puisque tout à l’heure, tu faisais référence à Socrate, et à un vieillard, Théophile, ce Grec n’a pas mieux réussi dans le bonheur conjugal que dans l’éducation des enfants. Quand il dit « Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans. » N’est-ce pas un aveu d’échec complet pour lui et aussi pour tout le système éducatif grec ? Il est vrai que l’objectif des Grecs n’est pas de faire le bonheur de leurs enfants mais de les dresser à être des soldats et, plus récemment, depuis qu’ils sont devenus chrétiens, des prédicateurs. Ce n’est pas le bonheur des enfants qui leur importe, mais leur nombre.

 

[1] Analyse interprétative d'un texte de la pensée d'un auteur. http://www.cnrtl.fr

[2] Certaines maisons d’Anatolie actuelle présentent encore le même plan que la domus romano-étrusque

Philosophes

- Socrate était un philosophe grec.

- Justement, Théophile connais-tu un philosophe égyptien ?

- Je ne vois pas, Maître. Il doit y en avoir, mais je … 

- Ne cherche pas, Théophile. Il n’y a pas de philosophe égyptien. Pourtant, si on en croit Hérodote : « de l'Égypte, tous les Grecs doivent se reconnaître débiteurs ». Alors ?

- C’est vrai, Maître. Comment l’expliquez-vous ?

- Très simplement, Théophile. Par la grande mâchoire de Touëris ! Les Égyptiens n’ont jamais eu besoin de philosophe ! Sauf, il est vrai, quand régnèrent Hyksôs[1]. La philosophie nous a aidés à endurer leur odieux système patriarcal. Les Égyptiens finir par se révolter pour rétablir leur coutume, leur civilisation, celle d’un système familial équilibré.

Autre chose encore, Théophile, je te rappelle qu’une épouse n’est pas seulement faite pour admirer l’intelligence de son époux ni pour qu’on lui expose ses recherches, aussi brillantes soient-elles.

- Comment avez-vous pu penser, Maître, que j’avais de telles intentions ?

- Je te connais si bien Théophile. Hatchi sera médecin, elle n’a plus que son doctorat à présenter. Elle t’admire et continuera à t’admirer, mais elle aura aussi sa propre activité professionnelle.

- Pourquoi y verrais-je un inconvénient, Maître ?

- C’était juste pour te le rappeler qu’une Égyptienne n’a pas besoin de l’autorisation de son époux pour exercer un métier, créer une entreprise, contracter un emprunt.

- Le scribe notaire l’écrira noir sur blanc.

- Puisque tu souhaites que je sois ton intermédiaire, ce qui, je dois le dire, me flatte, permets moi de passer en revue toutes les hypothèses, dans l’intérêt de ma nièce, et du tien. Imaginons, Théophile, ce n’est qu’une hypothèse, que vous ne vous entendiez plus et que Hatchi demande le divorce.

- Mais Maître ! Pourquoi voudrait-elle divorcer ?

- C’est une hypothèse guidée par le fait que cinq fois sur six, ce sont les femmes qui demandent le divorce.

- Le scribe écrira les conditions du divorce en rouge. Maître, vous commencez à m’inquiéter.

- Seth est un dieu redoutable. Le rouge est sa couleur. En écrivant les mots nuisibles en rouge, vous vous concilierez ces bonnes grâces. Mais ce n’est pas Seth qui m’inquiète.

- C’est vrai Maître, mais je vous vois très soucieux. J’aime Hatchi. Je veux l’épouser.

- Doucement Théophile. Je fais confiance à Hatchi, elle exprimera clairement son choix. Et, comme je l’espère, elle te choisira. Tu es mon meilleur disciple, mon plaisir sera infini si tu deviens mon neveu. Et je crois que tu feras un bon époux. Non ce n’est pas cela qui m’inquiète.

- Qu’est-ce donc qui vous inquiète donc tant, Maître ? Le contrat sera écrit en noir, et en rouge.

- Par Athanase ! Ce qui m’inquiète, c’est que tu voudras certainement passer par une église.

- Aller, avec Hatchi, dans une église pour rendre grâce à Dieu de l’immense bonheur qu’Il a bien voulu m’accorder, sera pour moi un infini plaisir. Et bien que cela soit rarement pratiqué, je souhaiterais qu’un prêtre nous bénisse[2].

- Ce prêtre ne va-t-il pas vouloir faire de cette bénédiction un sacrement, une union indissoluble. Ne va-t-il pas faire de toi, selon le modèle juif ou bien pire grec, un pater familias.
Ne va-t-il pas annoncer d’un ton péremptoire que la femme doit obéissance à son mari ? Que c’est toi qui dois choisir le domicile conjugal et qu’elle doit te suivre ?
Tu sais, la culture égyptienne est toute autre. L’épouse égyptienne garde son nom, Hatchi deviendra simplement « épouse de Théophile ».

- Maître, cette perspective m’enchante.

- Elle m’enchante autant que toi, Théophile. »

      Après avoir rapidement évacué le léger trémolo qui avait modulé sa voix, le maître continue :

« À propos, je t’annonce que pour vos épousailles, je vous offrirai des ânes.

- Des ânes ! Je vous remercie Maître, mais pourquoi des ânes ?

- Un médecin égyptien commence toujours sa carrière comme médecin de campagne itinérant. Des ânes vous seront très utiles. Surtout pour toi, Théophile, tu pourras transporter tes rouleaux de papyrus. Selon la culture égyptienne, dans les couples, selon les cas, l’épouse suit son époux, ou l’époux suit son épouse !
Pourquoi l’Église, en calquant servilement l’Administration romaine, veut-elle codifier l’union la plus sacrée qu’il soit, celle de l’amour de deux êtres. C’est effrayant, Théophile !

- Maître, le Royaume de Dieu est à la fois partout parmi nous et n’est pas de ce monde, c’est un mystère. Les épousailles sont un autre mystère : celui d’une communion de deux âmes vers Dieu.

- Pour le célébrer, chanterez-vous le grand hymne à Isis en honneur de la femme ?  « C'est toi la maîtresse de la terre » — je ne me souviens plus de la suite, mais après il y a — « tu as rendu le pouvoir des femmes égal à celui des hommes ! »[3]. En Égypte, ni les hommes ni les femmes n’essaient de tenir l’autre sexe en servitude. Le rapport entre les sexes est simplement basé sur l’harmonie de Maât. Et j’ajoute, sur le simple bon sens.

Comme maintenant nos pharaons sont grecs, les Ptolémée, les scribes égyptiens ont cru utile de le réécrire, noir sur blanc, le grand hymne à Isis.

- Rassurez-vous Maître, il n’y a aucune incompatibilité entre les Évangiles et l’hymne à Isis. Il pourrait parfaitement être adressé à Jésus. Et si on lit Matthieu entre les lignes, Jésus a certainement séjourné en Égypte.

- Comme tous les grands penseurs ! Bon, bon. Tu verras tout cela avec Hatchi à ton retour. C’est le système des Grecs, leur impérialisme culturel que je redoute, d’autant plus qu’il s’est maintenant amplifié avec leur monothéisme. Un seul dieu ! Quelle idée étrange, et dangereuse.

- À mon retour ?

- Il y a un bateau qui part pour Éphèse demain, tu le prendras. Certains parchemins de Pergame, qu’Antoine avait voulu donner à Cléopâtre[4], n’ont pas été plus loin qu’Éphèse. Ils ont été oubliés chez une marchande du port, puis récupérés, comme il se doit, par l’Artémiseîon[5] quand cette marchande n’a pas pu payer ses dettes.
Maintenant qu’elles ont été obligées de se replier dans l’arrière-pays, ces dames de l’Artémiseîon ont cruellement besoin de liquidités. Elles voudraient vendre ces parchemins et leur agent, un certain Maxime que j’avais connu jadis à Éphèse, m’a demandé de les évaluer. Si tu estimes qu’ils sont suffisamment rares et intéressants, tu les achèteras pour la Bibliothèque.

Tu t’attacheras plus particulièrement à leur teneur. Nous, à Alexandrie, nous nous concentrons sur le texte littéral, tandis que nos confères de Pergame … »

Au lieu de terminer sa phrase, le maître suivit des yeux sa main en train de tourniquer vers le ciel ; de la même manière que quand il avait voulu montrer que Théophile avait tourné de l’œil. Sans attacher d’importance à cette mimique, le disciple acheva la phrase.

- Tandis que nos confrères de Pergame se complaisent dans l’exégèse. La recherche de sens cachés dans les textes n’enrichit-elle pas l’esprit, Maître ?

- Par Osiris ! Ces sens cachés ne sont souvent qu’hallucinations ! L’esprit du texte est dans les mots et les phrases. Les mots sont les mots. Les phrases sont les phrases. Á ceux de Pergame, tu leur donnerais un caillou blanc, tu leur dirais que sur ce caillou est écrit un nom nouveau, un nom que personne ne connaît. Et bien, Théophile, alors que rien n’est écrit sur le caillou, pour dévoiler le sens caché[6] de ce nom nouveau, ils en rempliraient tout un codex[7], parfaitement ésotérique ! Avec des églises, des sceaux, des anges, des cavaliers, des trompettes.

- Chacun au nombre de sept, n’est-ce pas Maître ?

- … !

- Et dans lequel ils annonceraient qu’à Éphèse, celui qui vaincra pourra manger le fruit de l'arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu[8]. Auriez-vous goutté à ce fruit, Maître ?

         Cette question ne trouva pour seule réponse qu’un long silence. Théophile la laissa en suspend. Le maître l’avait-il seulement entendu. Á son regard, le disciple vit que l’esprit de son maître s’était considérablement éloigné des mots et des textes, et même d’Alexandrie.

- Il est vrai, Théophile, que j’ai des souvenirs à Éphèse, mais je vieillis, tu iras à ma place. Oui, tu es parfaitement qualifié. Piètre maître que celui qui n’est pas surpassé par son disciple !
Et à Éphèse, tu apprendras beaucoup et pas seulement dans le domaine des manuscrits anciens. 

- Faites-vous allusion, Maître, à des mystères que je ne pourrais résoudre qu’en terre asiatique[9] ?

- Pas seulement, Théophile. Pas seulement.

- Devrais-je alors, à mon retour, aller consulter l’oracle de Delphes ? Y trouverais-je des réponses ?

- … ?

- Des réponses, par exemple au péché de Sodome et Gomorrhe.

- … !

- Au mystère de la vie ?

- Peut-être, Théophile. Peut-être !

- Vous, Maître, avez-vous été à Delphes ?

- D’une certaine façon, oui. Le fronton occidental est dédié à Apollon, à l’ordre, et l’autre à l’opposé, l’oriental, à Dionysos, à l’hybris, à l’anticonformisme et aussi à la divination prophétique par l’ivresse, ou par le plaisir qui est propre à ce dieu.

- … !

- La tragédie, Théophile, la tragédie ! Celle qui imite à la fois Apollon et Dionysos.

- … !

- De tragédie, je veux parler de théâtre tragique, mettant en scène des acteurs masqués.

- L’avez-vous pratiqué, Maître ?

- D’une certaine façon, oui, à Éphèse justement. Ce que tu apprendras dans la grande cité de la bibliothèque de Celsus sera certainement important pour ton éducation, Théophile.

Comme la situation politique est tendue dans tout l’Empire Romain, essaye d’être discret, et prudent aussi. Prends ces étuis vides, ils te serviront à ramener les parchemins, remplis-les de paille pour éviter qu’ils ne s’écrasent pendant le voyage. Tu peux la mélanger avec un peu de fourrage, s’il est bien sec, le cuir en sera agréablement parfumé.

Hatchi t’attendra à Alexandrie. Cette séparation ne peut être qu’une épreuve salutaire à votre amour. Loin l’un de l’autre vous réfléchirez mieux. Et elle doit finir de préparer son doctorat. Une fille amoureuse se concentre mal sur son travail. Je te promets que je lui parlerai de tes louables intentions. Je n’oublierai pas non plus de lui offrir tes gâteaux

- Vous n’oublierez pas l’encens de Gaza, n’est-ce pas Maître ?

- Oui, le parfum qui est « avec » les vêtements ! Bien entendu, c’est Hatchi qui décidera seule si elle veut créer un couple avec toi. À ton retour, si votre projet est toujours d’actualité, vous prendrez rendez-vous avec le scribe.

En attendant, étudions ce manuscrit.

 

[1] L’Égypte subit l’éclipse des Hyksôs, entre la XIVe à la XVIIe dynastie.

[2] Le mariage catholique n’a été institué que par le quatrième concile du Latran en 1215

[3] Papyrus d'Oxyrhynque n°1380, IIe s. av. J.-C.

[4] Antoine a offert à Cléopâtre les manuscrits de la bibliothèque de Pergame (Anatolie actuelle), dont il venait de « prendre possession ».

[5] Sanctuaire d’Artémis / Cybèle à Éphèse.

[6] Voir aussi Apocalypse 2.17.
L’apocalypse était un genre littéraire prisé au premier siècle de notre ère. Rien n’indique que celle de Saint Jean n’ait pas été rédigée à Pergame, cité dont les lettrés étaient effectivement réputés pour la recherche de sens cachés dans les textes

[7] Manuscrit consistant en un assemblage de feuilles de parchemin, spécialité de Pergame, voir note précédente sur ce sujet

[8] Apocalypse 2.7

[9] Éphèse était alors la capitale de la province romaine d’Asie.

Vers la suite

http://imaginaire-beaute.over-blog.com/2018/03/artemiseion-des-paysans.html

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